Le burn-out ou l’épuisement professionnel des soignants

Dr Danièle Lefebvre 93 Route Suisse CH-1290 Versoix daniele.lefebvre@hin.ch

Historique

En 1970, Herbert Freudenreich, psychiatre et psychanalyste,a décrit cette entité (qu’il a observée chez des volontaires s’occupant de toxicomanes) et l’histoire dit qu’il a lui-même souffert de cette «brûlure interne».

Par la suite, Maslach a mis au point un instrument de mesure, le Maslach burn out inventory (MBI 1981) de même que Pines, Aronson et Kafry le Burn out measure, qui permettent aux soignants de s’autoévaluer.

Définition

Il s’agit à la fois d’un épuisement émotionnel, d’une déshumanisation de la relation à l’autre et du sentiment d’échec professionnel, ces éléments étant
associés à des conditions de travail difficiles sur des longues périodes.
Les causes (risques) sont liées d’une part au travail (conditions négatives, pa exemple demande continue de service, mauvaise organisation) et/ou une absence
de conditions positives, comme le manque de gratification, le peu de soutien professionnel et des objectifs mal définis.

D’autre part, des causes sont liées à la personne, dans le sens d’une vulnérabilité personnelle, d’une faillite dans la gestion de son énergie personnelle, d’une vision idéaliste, voire irréaliste de son travail, du rétrécissement du réseau affectif et social et de l’histoire personnelle.

Critères

Selon L. M. Larouche, les critères pour établir un diagnostic d’épuisement professionnel sont:

  • un état affectif négatif,
  • des conditions de travail négatives,
  • des aspirations idéalistes,
  • une baisse marquée des performances,
  • une absence de psychopathologie antérieure importante,
  • un bon fonctionnement antérieur au travail,
  • une irréversibilité sans aide extérieure.

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Tableau clinique

Toujours selon L. M. Larouche, l’aspect clinique est complexe, impliquant.....

  • des aspects comportementaux
    • désintérêts,
    • retards,
    • signes d’abus,
  • des symptômes somatiques
    • fatigue,
    • troubles du sommeil,
    • douleurs variables,
    • symptômes neurovégétatifs,
  • des symptômes de la sphère émotionnelle et affective
    • irritabilité,
    • tristesse,
    • douleur morale,
    • méfiance,
    • cynisme,
    • appauvrissement affectif
  • des symptômes cognitifs
    • troubles de concentration,
    • troubles de mémoire et de jugement, entraînant un sentiment d’incompétence.

Etapes du parcours professionnel

De manière classique, les personnes qui vivent un burn-out ont connu un enthousiasme démesuré, puis une période de stagnation, puis de désillusion, de frustration qui peut aller jusqu’à une période d’apathie ou de démoralisation, où les idées dépressives et suicidaires sont présentes.

Les risques d’abus sont à ce moment très présents, l’alcool, les psychotropes ou la prise d’autres médicaments, voire de substances illicites aggravant les idées
suicidaires ou les risques de violence.

Comment s’en sortir?

Tout d’abord, avoir le courage de s’observer, sortir du déni, écouter ses proches (qui sont moins dupes et qui souffrent également!) …
Pines et Maslach identifient trois niveaux dans l’éventail des solutions:

  • le changement de l’individu
  • l’amélioration des relations et des communications
  • le changement de l’environnement.

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L’idée est de commencer par le niveau le plus susceptible d’amener rapidement des changements, c’est-à-dire le niveau de la communication.

Il est certain que, comme dans tout changement personnel, la prise de conscience du problème sera la porte d’entrée à une réflexion en principe accompagnée,
suivant les stades de changement bien décrits par Di Clemente et Prochaska:

  • précontemplation,
  • contemplation,
  • détermination,
  • action,
  • maintien et gestion des rechutes!).

Le risque le plus important est de partir seul(e) dans cette quête du mieux-être, en oubliant que si l’on a glissé seul(e) dans un mauvais passage, il sera plus
efficace d’avoir un œil extérieur et critique pour trouver d’autres stratégies de fonctionnement.

Il reste à chacun d’entre nous de faire le point de temps en temps, en utilisant un questionnaire ou plus simplement en se posant la question (par exemple en
dessinant un graphique sur une échelle personnelle) du comment je vis, et surtout comment j’aimerais vivre.

La comparaison des graphiques montrera rapidement si l’équilibre est correct ou si l’un des plateaux d’une balance imaginaire est franchement trop lourd …

Nous n’avons pas en Suisse de groupe de soutien ou de téléphone rouge pour les médecins en difficulté, mais beaucoup de cercles de qualité existent et pourraient être le lieu d’une discussion commune.

(En Algérie nous ne disposons ni de l'un ni de l'autre, mais il est claire que la structure social et et nos rapports familiaux très particuliers apporte une solution de remplacement intéressante)

La prévention et la mise en action précoce de modifications«utiles» en cas d’alerte devraient éviter d’arriver à un niveau profond de burn-out où la dépression
devient le  symptôme majeur, relevant de soins spécialisés.

L’étude de Catherine Goehring, Patrick Bovier et al. met en avant des recommandations utiles aux médecins, avant tout de, ne pas  être leur propre docteur!

Vous en saurez plus en lisant leur article.

Il est clair que l’approche des patients qui nous consultent pour des problèmes de dépression devrait aussi comporter une analyse détaillée des conditions de travail.

Références

1 Canoui P, Maugranges A. Le syndrome d’épuisement professionnel des soignants. Masson;1998.
2 Delbroock M. Le burn-out du soignant. Ed.de Boek Université; 2003.
Une bibliographie plus détaillée peut être demandée à l’auteur ou à PrimaryCare.

Date de dernière mise à jour : 13/02/2018

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