Définition
- Le syndrome aigu d’irradiation (SAI) est une combinaison de plusieurs syndromes.
- Il apparaît après une irradiation du corps entier à forte dose.
- L’importance du SAI dépend non seulement de la dose absorbée totale, de la durée de l’irradiation et du type de rayonnement, mais aussi de la distribution de la dose dans l’organisme.
- Les symptômes qui résultent de l’atteinte de certains systèmes cibles constituent le SAI.
- La moelle osseuse est la plus radiosensible, suivie par le système gastro-intestinal.
- Le système nerveux central est caractérisé par une radiorésistance organique et une grande radiosensibilité sur le plan fonctionnel.
- Un gray (symbole : Gy) représente l'énergie d'un rayonnement ionisant apportant une énergie d'un joule à un milieu homogène d'une masse d'un kg
- Le sievert (symbole : Sv) est l'« unité utilisée pour donner une évaluation de l'impact des rayonnements sur l'homme
Les différentes phases d'évolution
Les signes et les symptômes du SAI apparaissent en trois phases successives :
- un syndrome initial se développant pendant les premières 24 heures,
- une phase de latence qui est d’autant plus courte que la dose est élevée,
- une phase d’état, avec des manifestations cliniques et biologiques, qui peut aboutir au décès. Des séquelles peuvent se développer ultérieurement à moyen ou à long terme.
Le syndrome initial
- Le syndrome initial est caractérisé notamment par l’apparition de nausées, de vomissements, d’asthénie et d’anorexie pour des doses supérieures à 1 Gy.
- Les symptômes tels que la diarrhée, l’hyperthermie, l’hypotension, les céphalées peuvent être observés pour des doses supérieures à 4 Gy.
- Un érythème précoce survient dans les 24 premières heures pour des doses supérieures à 5-6 Gy
La phase d'état
A la phase d’état, le syndrome aigu d’irradiation comprend trois syndromes majeurs :
Le syndrome hématopoïétique
Qui apparaît pour des doses supérieures à 1 Gy, se caractérise par une aplasie dont les conséquences peuvent menacer la survie de l’individu, lors du premier mois, du fait du risque important d’infections et d’hémorragies
Le syndrome gastro-intestinal
Qui survient pour des doses supérieures à 12-15 Gy, se caractérise par l’apparition de diarrhées, de crampes abdominales, parfois même d’hémorragies digestives et de septicémie du fait de la rupture de la muqueuse intestinale et des ulcérations digestives.
Il peut entraîner la mort en une à deux semaines ;
Le syndrome neuro-vasculaire
Létal en quelques jours, apparaît pour des doses supérieures à 50 Gy et se caractérise par une désorientation temporo-spatiale, une ataxie, des crises convulsives et un coma, causés par la présence d’un œdème cérébral, d’une HIC et d’une anoxie cérébrale
A ce tableau classique du SAI peuvent s’ajouter des atteintes pulmonaires et/ou oro-pharyngées.
Le diagnostic
- Les symptômes résultant d’une irradiation globale accidentelle n’ont pas de spécificité marquée.
- Afin de débuter un traitement adapté, il est indispensable d’évaluer au plus vite les atteintes physiopathologiques.
- En premier lieu, une numération-formule sanguine et un électroencéphalogramme sont systématiquement prescrits face à une suspicion d’irradiation.
- Par ailleurs, pour estimer la dose reçue, une dosimétrie biologique consistant à dénombrer des aberrations chromosomiques radioinduites et éventuellement une reconstitution par dosimétrie physique peuvent être réalisées.
Le traitement
- La base du traitement du syndrome hématopoïétique associe antibiothérapie et transfusion.
- Si la moelle osseuse est totalement aplasique, une greffe de cellules hématopoïétiques est envisageable.
- Dans le cas le plus fréquent d'une irradiation hétérogène, l'utilisation de facteurs de croissance permet d'accélérer la sortie d'aplasie.
- Le traitement de l’atteinte digestive repose sur la correction de la déshydratation et des déséquilibres électrolytiques ainsi que sur une antibiothérapie sélective assurant le contrôle de la flore intestinale.
- L'utilisation d'agents agissant sur la motricité du tube digestif (anti diarrhéiques) peut être également bénéfique.
- Pour des irradiations à doses très élevées, des antiémétiques inhibant sélectivement le récepteur de type 3 de la 5-hydroxytryptamine et des anti-inflammatoires sont également administrés.
Le syndrome d'irradiation localisée
- Les manifestations cutanées dépendent de l’importance de la dose délivrée localement.
- La brûlure radiologique n’est pas une brûlure thermique.
- Elle est extensive en surface et en profondeur.
- Non diagnostiquée, elle peut conduire à une nécrose étendue.
- Lorsque le processus de nécrose est entamé, les douleurs sont souvent très intenses et difficiles à calmer, un traitement chirurgical est alors nécessaire
Le diagnostic
- L’appréciation de l’étendue des lésions, bien avant que celles-ci n’apparaissent, peut être obtenue à partir des informations données par la thermographie, voire l’IRM nucléaire dans les cas d’atteintes graves.
- La distribution de la dose peut être évaluée par reconstitution physique.
Le traitement
- En dehors des soins sédatifs, le traitement est avant tout celui préconisé pour les grands brûlés.
- Dans les cas graves, des greffes de peau, voire des amputations, peuvent être nécessaires.