- Les principales modifications physiologiques chez la femme enceinte sont :
- Appareil cardiovasculaire :
Augmentation du volume sanguin de 40 à 50% et du débit cardiaque de 30 à 50% dès la 8ème semaine. Diminution des résistances vasculaires systémiques. Tachycardie sinusal (15 bpm en plus). Augmentation du volume d'éjection systolique et de la contractilité cardiaque.
Augmentation de la consommation d'O2 de 20%, hyperventilation avec augmentation du volume courant et de la fréquence respiratoire. Elévation du diaphragme de 4 cm vers le haut.
Augmentation de 50% du flux sanguin rénal et de la filtration glomérulaire. Modification du métabolisme hydrosodé avec rétention hydrosodée et hypo-osmolalité.
Insulinorésistance avec diabète gestationnel possible. Anabolisme protidique. Stockage accru des graisses.
Anémie physiologique par hémodilution. Leucocytose à polynucléaires neutrophiles.
Hypercoagulabilité à risque thrombotique accru. Augmentation des facteurs de coagulation.
Diminution de l'immunité cellulaire.
Modification des positions d'organes par l'utérus gravide.
- Voici les principaux risques peri-opératoires encourus chez cette patiente présentant une crise d'éclampsie :
- Risque d'aggravation de l'HTA avec poussées hypertensives per-opératoires
- Risque de crises convulsives per-opératoires
- Risque d'œdème aigu du poumon et d'OAP per-opératoire
- Risque d'hématome rétro-placentaire aggravé et hémorragique per-opératoire
- Risque de coagulopathie de consommation et saignement per-opératoire
- Risque d'insuffisance rénale aiguë per-opératoire
- Risque infectieux accru
- Risque d'intolérance au glucose et acido-cétose per-opératoire
- Risques liés à l'anesthésie générale : inhalation, difficultés d'intubation, hypotension per-opératoire
- Risque de mort maternelle per-opératoire
- En résumé, de multiples complications potentiellement graves peuvent survenir en per-opératoire chez cette patiente à haut risque obstétrical. Une surveillance étroite s'impose.
- Voici les principaux impératifs anesthésiques chez cette patiente présentant une éclampsie :
Bilan pré-anesthésique complet. Rééquilibration hydroélectrolytique. Lutte contre l'HTA par NICARDIPINE IV. Lutte contre les convulsions par sulfate de magnésium. Protection de la filière aéro-digestive.
Anesthésie générale avec sécurisation des voies aériennes. Monitoring complet : scope, PNI, SpO2, diurèse. Remplissage prudent. Lutte contre l'HTA. Prévention de la coagulopathie. Prévention des convulsions. Surveillance rapprochée.
Surveillance en réanimation : ventilatoire, hémodynamique, rénale, neurologique. Poursuite du traitement anti-hypertenseur et anticonvulsivant. Analgésie multimodale. Prévention de la thrombose veineuse. Surveillance du saignement.
- Chez cette patiente présentant une éclampsie sévère avec hématome rétro-placentaire, je recommanderais une anesthésie générale pour les raisons suivantes :
- L'état neurologique aggravé (troubles de conscience, agitation, crises convulsives) impose une anesthésie générale pour contrôler la ventilation et prévenir l'inhalation.
- Une sécurisation des voies aériennes par intubation orotrachéale s'impose devant les risques d'œdème aigu pulmonaire et d'inhalation.
- L'anesthésie générale permet un contrôle hémodynamique optimal face aux poussées hypertensives, au saignement, et aux troubles du rythme possibles.
- Elle permet également un contrôle adapté de la douleur avec fortes doses de morphiniques.
- La chirurgie d'hémostase impose une relaxation chirurgicale optimale.
- L'état hémodynamique instable et les troubles de coagulation contre-indiquent une anesthésie locorégionale.
- Les principaux critères à prendre en compte avant d'envisager une extubation chez cette patiente sont :
- Stabilité hémodynamique : absence d'hypotension, de saignement actif, fréquence cardiaque et pression artérielle stables
- Equilibre hydro-électrolytique corrigé
- Absence de signe d'œdème aigu du poumon à l'auscultation et sur la radiographie thoracique
- Bonne oxygenation avec une SpO2 > 95% et une PaO2 normale à la gazométrie
- Ventilation et mécanique ventilatoire efficaces : gazométrie avec pH, PaCO2 et PaO2 corrects
- Absence de troubles du rythme cardiaque
- Diurèse conservée > 0,5 ml/kg/h
- Absence de crise convulsive
- Patientée calmée, consciente, extubable
- Douleurs contrôlées par antalgiques avant extubation
- Pas de saignement actif ni trouble de l'hémostase
L'extubation sera réalisée quand tous ces critères seront réunis, après sevrage de la ventilation mécanique et test de ventilation en CPAP.
- Les signes cliniques d’une intoxication aux anesthésiques locaux sont :
- Signes neurologiques (atteinte du SNC) :
- Agitation, anxiété, confusion
- Acouphènes, métallorachie, vision floue
- Convulsions de type grand mal
- Coma, dépression respiratoire
- Signes cardio-vasculaires :
- Tachycardie sinusale puis bradycardie, hypotension artérielle
- Allongement de l'intervalle PR à l'ECG
- Troubles du rythme : extrasystoles, tachycardie ventriculaire, fibrillation ventriculaire
- Asystolie, arrêt cardiaque
- Autres signes :
- Nausées, vomissements
- Sueurs, pâleur cutanée
Conduite à tenir :
- Surveillance étroite des fonctions vitales : conscience, ventilation, fréquence cardiaque, tension artérielle
- Oxygénothérapie à haut débit, intubation et ventilation mécanique si dépression respiratoire
- Traitement anticonvulsivant par benzodiazépines en cas de convulsions
- Remplissage vasculaire prudent et vasopresseurs contre l'hypotension
- Traitement des troubles du rythme : anti-arythmiques, défibrillation si FV/TV
- Arrêt de l'injection de l'anesthésique local
- Prévention du surdosage par respect des doses maximales recommandées
- Prise en charge en réanimation en cas d'instabilité hémodynamique ou respiratoire