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Cas clinique N° 9 : Anesthésie-Réa

Adénome de la prostate (Proposé par M. MS BENELMIR, IPPM à l'INPFP)

Vous prenez en charge un patient de 76 ans sans antécédents pathologique particuliers, programmé pour une résection transuréterale de la prostate (RTUP) d’une hypertrophie bénigne de la prostate d'un poids de 62g.

L'examen clinique et biologique préopératoire révèle :

  • ECG et la radiographie thoracique étaient sans particularité,
  • Natrémie :137 meq/l,
  • Kaliémie : 3,7meq/l,
  • Bilan rénale normale,
  • Hémoglobine : 12,3g/dl,
  • ECBU : négatif.

Une rachianesthésie a été réalisée.

Le patient était mis, ensuite, en position gynécologique pour la résection. Le liquide utilisé pour l'irrigation était la glycine 1,5%, la poche étant fixée à un niveau de 1m au-dessus de la table opératoire. Le volume total de liquide utilisé au cours du geste était de 12 litres sur une durée totale d'intervention de 120 minutes.

Question 1 :

1 - Décrivez votre démarche pré et per opératoire ? 4 Pts

2- Quels ont été les avantages de la rachianesthésie pour ce patient ? 2 Pts

3- Quels sont les risques de la position gynécologique et les moyens de les prévenirs ? 4 Pts

Après 90 min du début de la résection, le patient avait présenté une agitation, des nausées, des vomissements, des vertiges, un brouillard visuel une bradycardie et une hypertension artérielle à 190/110 mmhg, de brouillard visuel ensuite il présenta des crises convulsives.

4- Qu’elle est votre diagnostic et les arguments en faveurs ? 4 Pts

5- Quelle est votre conduite à tenir ? 6 Pts

Réponse 1

Préopératoire :

  1. Préparation du matériel :
    • Vérifier que tout le matériel nécessaire à la rachianesthésie est disponible, y compris les aiguilles, les seringues, les médicaments anesthésiques et les équipements de monitorage.
  2. Préparation du patient :
    • Expliquer au patient le déroulement de la rachianesthésie, les risques et les bénéfices associés.
    • Répondre aux questions et préoccupations du patient pour le mettre à l'aise.
    • Obtenir le consentement éclairé du patient pour la rachianesthésie.
    • Assurer que le patient est à jeun conformément aux consignes préopératoires.
  3. Installation du patient :
    • Aider le patient à se positionner en position assise ou en position latérale recroquevillée pour permettre une administration sûre et précise de l'anesthésie rachidienne.
  4. Monitorage :
    • Appliquer les dispositifs de monitorage appropriés, tels que la mesure de la pression artérielle non invasive, la saturation en oxygène, l'électrocardiogramme et la surveillance de la fréquence respiratoire.
  5. Administration de l'anesthésie :
    • Préparer le matériel d'anesthésie rachidienne stérile, y compris les aiguilles et les médicaments anesthésiques.
    • Réaliser l'anesthésie rachidienne en respectant les techniques d'asepsie appropriées et en utilisant une aiguille et une technique adaptées au patient.
    • Administrer l'anesthésique local dans l'espace sous-arachnoïdien pour obtenir l'analgésie et l'anesthésie nécessaires pour la procédure (2,5 ml de bupivacaine 0,5% permettant l'obtention d'un bloc au niveau T10).
  6. Surveiller attentivement le patient pendant l'anesthésie, en notant les signes vitaux, le niveau de sédation et les éventuelles complications.

Réponse 2

Même si aucune étude n'a montrée de différence en matière de pertes sanguines, d'altération des fonctions supérieures postopératoires et de mortalité entre l'anesthésie générale et la rachianesthésie  nous pouvons relever pour les avantages suivants pour la rachianesthésie. [1]

  1. Absence de douleur : La rachianesthésie fournit un blocage efficace de la douleur pendant et après l'intervention chirurgicale. Elle permet de maintenir le patient dans un état d'analgésie pendant toute la durée de l'opération, évitant ainsi les douleurs liées à la chirurgie.
  2. Maintien de la conscience : Contrairement à l'anesthésie générale, la rachianesthésie permet au patient de rester conscient et éveillé pendant l'intervention. Cela réduit les risques associés à une anesthésie générale, tels que les complications respiratoires ou les effets indésirables liés aux médicaments. en outre elle permet de surveiller les signes neurologiques chez un patient réveillé, et ainsi, d'accélérer la prise en charge diagnostique et thérapeutique en cas d'effet secondaire.
  3. Moindre risque de complications respiratoires : Étant donné que la rachianesthésie n'implique pas l'utilisation de médicaments sédatifs profonds, le risque de complications respiratoires, telles que l'apnée ou la suppression de la respiration, est considérablement réduit. Cela est particulièrement bénéfique chez les patients âgés qui peuvent présenter une fonction respiratoire altérée.
  4. Stabilité hémodynamique : La rachianesthésie permet de maintenir une stabilité hémodynamique, c'est-à-dire une pression artérielle stable, pendant l'intervention. En évitant les fluctuations importantes de la pression artérielle, la rachianesthésie réduit le stress sur le système cardiovasculaire du patient, ce qui est bénéfique pour les patients âgés.
  5. Réduction de la douleur postopératoire : Après l'intervention, la rachianesthésie peut continuer à fournir une analgésie prolongée, ce qui permet de réduire la douleur postopératoire. Cela peut faciliter la récupération du patient et permettre une diminution de la consommation de médicaments analgésiques.

Réponse 3

  • Compression vasculaire et neurologique : La position gynécologique implique une flexion importante des hanches et une élévation des jambes dans des étriers. Cela peut entraîner une compression des vaisseaux sanguins et des nerfs, notamment au niveau des membres inférieurs. Pour prévenir ces risques, il est important de :
    • Utiliser des supports rembourrés et doux pour les membres inférieurs afin de minimiser la pression sur les vaisseaux sanguins et les nerfs.
    • Effectuer régulièrement des contrôles neurovasculaires pour détecter précocement tout signe de compression et prendre les mesures appropriées.
  • Douleurs et lésions cutanées : La position gynécologique prolongée peut entraîner des douleurs et des lésions cutanées, en particulier au niveau des zones de pression, telles que le sacrum, les talons et les coudes. Pour prévenir ces risques, il est recommandé de :
    • Utiliser des matelas ou des coussins spéciaux pour réduire la pression sur les zones de contact prolongé.
    • Effectuer des changements de position réguliers et des déplacements légers pour réduire la pression sur les zones de friction.
  • Instabilité hémodynamique : La position gynécologique peut affecter la circulation sanguine et provoquer une instabilité hémodynamique, notamment une baisse de la pression artérielle. Pour prévenir ces risques, il est important de :
    • Surveiller en continu les signes vitaux du patient, y compris la pression artérielle, la fréquence cardiaque et la saturation en oxygène.
    • Maintenir une hydratation adéquate du patient.
    • Éviter les changements de position brusques et lents lors du passage de la position gynécologique à la position supine.
  • Risque de chute : En raison de la flexion des hanches et de l'utilisation des étriers, le risque de chute pendant l'installation et le retrait du patient de la position gynécologique peut augmenter. Pour prévenir ces risques, il est important de :
    • Assurer une assistance adéquate lors de l'installation et du retrait du patient de la position gynécologique.
    • Utiliser des dispositifs de soutien tels que des rampes ou des barres d'appui pour aider le patient à se déplacer en toute sécurité.
  • Syndrome de loge : Dans de rares cas, une position gynécologique prolongée peut entraîner un syndrome de loge, caractérisé par une augmentation de la pression dans les compartiments musculaires des membres inférieurs. Pour prévenir ce risque, il est important de :
    • Surveiller les signes et symptômes du syndrome de loge, tels que la douleur, l'enflure et la paresthésie dans les membres inférieurs.

Réponse 4

TURP syndrome

  • Le syndrome de réabsorption de la glycine est une complication rare mais grave qui peut survenir lors d'une résection transurétrale de la prostate lorsque la glycine, utilisée comme liquide d'irrigation, est absorbée dans la circulation sanguine en grande quantité. Voici les arguments en faveur de ce diagnostic :
  • Utilisation de la glycine 1,5% comme liquide d'irrigation : La glycine est un agent de contrôle de l'irrigation couramment utilisé lors d'une RTUP. Cependant, lorsque la glycine est absorbée en grande quantité, elle peut provoquer des déséquilibres électrolytiques et des complications neurologiques.
  • Volume de la prostate > 60 g
  • Volume élevé de liquide utilisé : Un volume total de 12 litres de liquide utilisé au cours de l'intervention est considéré comme élevé. Cela augmente le risque d'absorption excessive de glycine et d'effets néfastes associés.
  • Durée de l'intervention : Une durée totale d'intervention de 120 minutes est également une période relativement longue, ce qui augmente la possibilité d'absorption accrue de la glycine [].
  • Symptômes neurologiques : Les symptômes neurologiques tels que le brouillard visuel et les crises convulsives peuvent être des manifestations du syndrome de réabsorption de la glycine. Ces symptômes sont causés par des perturbations de l'équilibre électrolytique et une toxicité systémique.
  • Bradycardie et hypertension artérielle : La bradycardie et l'hypertension artérielle sont également des signes courants du syndrome de réabsorption de la glycine. La perturbation électrolytique peut entraîner une instabilité hémodynamique

Réponse 5

  • Assurer la sécurité du patient : l'immobiliser.
  • Appeler à l'aide
  • Stabiliser les paramètres vitaux : administration de médicaments antihypertenseurs peut être nécessaire contrôler l'HTA.
  • Contrôler les convulsions :  administrer des médicaments anticonvulsivants.
  • Détresse respiratoire, une assistance respiratoire peut être nécessaire, telle qu'une intubation endotrachéale et une ventilation mécanique.
  • Contrôle de la pression artérielle : Étant donné que le patient présente une hypertension artérielle élevée, il est important de contrôler sa pression artérielle. Selon le degré d'hypertension, des médicaments antihypertenseurs appropriés peuvent être administrés sous surveillance étroite.
  • Correction des troubles électrolytiques : Le syndrome de TURP peut entraîner des déséquilibres électrolytiques, tels qu'une hyponatrémie et une hypervolémie. Selon les résultats des analyses sanguines, des mesures spécifiques peuvent être prises pour corriger ces déséquilibres.
  • Globalement, recours à une assistance des fonctions vitale (ventilation mécanique, drogues vasoactives, expansion volémique') associée au traitement de l'hyponatrémie avec du sérum salé hypertonique à 3% sous forme de bolus de 100 ml à répéter en fonction de la natrémie et pour ramener la natrémie à 130 meq/l [3].

Date de dernière mise à jour : 13/05/2023

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