Réponse 1
Il s’agit d’une neuropathie ulnaire postopératoire. C’est la neuropathie postopératoire la plus fréquemment rapportée. Elle représente 30% des plaintes postopératoires recensées par les compagnies d’assurance aux USA (ASA Closed Claims Project). Son incidence, dans un travail prospectif comprenant une évaluation neurologique pré et postopératoire systématique, a été évaluée à 1/200 ! (Warner M et al., Anesthesiology 1999; 90: 54-9).
Réponse 2
L’installation du patient a pu contribuer à la survenue de cette complication. En effet les avant-bras positionnés en pronation, le nerf est directement au contact de la table d’opération au niveau de la gouttière épitrochléenne où il peut être comprimé. En supination, le bras repose sur l’olécrane et le nerf ulnaire n’est pas en contact avec les appuis-bras.
Une mesure de la pression générée dans la gouttière épitrochléenne selon le positionnement en pronation ou en supination des avants bras met en évidence une augmentation majeure de celle-ci en pronation (Prielipp RC et al., Anesthesiology 1999, 91 : 345-54).
Dans la littérature, ces neuropathies apparaissent parfois malgré la mise en place d’une protection locale efficace (Cheney FW et al., Anesthesiology 1999;90 : 1062-9). Il convient toutefois de vérifier que l’élément de protection (ici le gel viscoélastique) n’assure pas de compression directe du nerf dans la gouttière.
Au total, il est important d’installer les avants bras en supination ou, à défaut en position neutre pour prévenir le risque de compression ulnaire.
Réponse 3
Non. Une neuropathie peut survenir pour une ischémie très brève (30 min environ) et provoquer des lésions nerveuses définitives. L’ischémie survient par compression directe des vasa nervorum.
Réponse 4
D’autres facteurs de risque de neuropathie ulnaire sont retrouvés dans cette observation. Le sexe masculin et la maigreur sont des facteurs qui ressortent d’une étude rétrospective ayant colligé plus de 106 anesthésies (Warner M, Anesthesiology 1994 ; 81 : 1332-40). Chez l’homme, la gouttière épitrochléenne est anatomiquement plus étroite que chez la femme, la maigreur expose plus facilement le nerf à un risque de traumatisme direct. L’existence d’autres étiologies potentielles de polyneuropathie (éthylisme, diabète…) est un facteur de risque supplémentaire. La symptomatologie est classiquement retrouvée à distance de l’intervention (2ième - 7ième jour) ce qui souligne son caractère multifactoriel (Warner M et al., Anesthesiology 1999; 90: 54-9).54-9.